LES FAUCHEURS DE LAVANDES SAUVAGES
Sur le plateau de Calern, j’ai cru y trouver « un fourmillement de couleur, et là, c’est du gris, du vrai gris de la qualité la plus noble. » (…) C’est sur ce gris, à la fin de l’hiver, que jouent les blancs et les roses des fleurs d’amandiers, c’est contre ces gris que s’appuiera l’azur du ciel d’été, c’est de ce gris que s’échapperont les flammes à peines citronnées de l’automne. C’est ce gris qui rejoindra le gris de l’hiver, le poussant juste un peu, dans les lointains, vers un violet d’évêque in partibus. (…) c’est le gris qui vous enveloppe; un gris étrange fait de lumière intense et de couleurs broyées.(…) » (Jean Giono- « Provence » recueil de textes écrits entre 1936-1965- Ed Gallimard 1993-)
Nous sommes en juillet 2016, c’est le matin, le soleil se lève et s’éclipse derrière les nuages, j’accède au plateau de Calern à 1200 mètres d’altitude j’y découvre un paysage minéral, un lieu calcaire, vallonné, escarpé… Un paysage hors du temps dans une lumière qui flirte avec le surnaturel.
Dans cet endroit improbable, à la fois proche et lointain, des massifs de lavande sauvages y poussent depuis des siècles hors de la présence des Hommes.
Un jeu de contrastes apparaît devant mes yeux, d’un côté les massifs de lavande et de l’autre la silhouette des faucheurs parés de leurs habits traditionnels. Mon œil voyage dans ce paysage qui se dessine dans la lumière diffuse du matin, cette lumière si particulière qui offre toutes les nuances de gris. Je prends mon appareil photo et je tente de fixer l’image du réel, le geste de la faux est une danse en plusieurs mouvements, un rituel ancestral.
La terre et le ciel se confondent, il n’y a plus de frontière, l’onirisme s’invite, c’est à ce moment là que je décide de fixer ces trois éléments en présence : la terre, le ciel et le sujet.