Ce voyage documentaire au long cours prend sa source à Memphis, aux États-Unis, dans les rues où les ombres d’Elvis résonnent encore. Mais très vite, il se prolonge au-delà, dans d’autres États, dans d’autres lieux chargés de résonances culturelles, historiques, et sociales. Chaque image captée semble être une mélodie interrompue, un fragment d’une partition inachevée.

« Elvis has left the building » était le message diffusé à la fin des concerts d’Elvis Presley, signifiant que la star ne reviendrait plus sur scène et qu’il était temps de quitter les lieux. Mais ce message résonne aussi comme une métaphore plus vaste, un rappel que le temps passe, que les idoles disparaissent, et que nous, spectateurs de l’éphémère, devons nous réinventer face au vide qu’elles laissent.

Dans ce travail, je m’intéresse à cette réinvention, à cette attente et à cette tension qui naît lorsque le rideau tombe. À travers des images cocasses ou poétiques, je questionne le réel et les interactions qui s’exercent sur mes semblables. Je cherche à capter ces instants où l’habituel bascule vers l’étrange, où l’ordinaire se heurte à l’incidentel, au décalage, à la réminiscence ou à la coïncidence. Ces photographies jouent sur une analogie perturbée par ces éléments imprévus qui transforment une scène banale en une narration ouverte, où chacun peut projeter sa propre histoire.

Chaque photographie est une scène en soi, une évocation. Les rues de Memphis évoquent les traces d’une culture américaine imprégnée de son opulence et de ses mythes. Ces lieux sont traversés par des corps, des regards, des gestes égarés qui cherchent leur place dans un monde en perpétuelle redéfinition.

« Elvis has left the building » devient ainsi une réflexion sur l’absence et le potentiel qu’elle crée. Lorsque l’idole quitte la scène, que reste-t-il ? L’espace laissé vide devient une invitation à monter sur scène, à inventer, à réinventer. C’est un appel à l’action, une façon de dépasser la simple nostalgie pour embrasser l’incertitude comme une opportunité.